Quels peuvent être les effets secondaires d’une radiothérapie de la prostate ?

les effets secondaires d'une radiothérapie de la prostate

EN BREF

Il existe deux types d’effets secondaires d’une radiothérapie  de la prostate : 

  • les effets secondaires dits précoces ou aigus, essentiellement urinaires (difficulté ou urgence à uriner), digestif (constipation, diarrhées, douleurs rectales) ou sexuel (trouble de l’érection et de la libido). Ces effets secondaires sont très bien pris en charge via des médicaments qui seront prescrits par l’oncologue radiothérapeute ;
  • les effets secondaires tardifs, principalement urinaires (difficulté à uriner trace de sang dans les urines), digestif (présence de sang dans les selles) ou sexuel (trouble de l’érection). Ils apparaissant entre 3 mois et 3 ans après la fin de la radiothérapie et ne sont pas réversibles. Ces complications sont rares, moins de 10% des patients en développeront. Une prise en charge spécifique sera mise en place pour limiter l’impact

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme en France avec plus de 50,000 nouveaux cas diagnostiqués en France (source : Institut Curie). La radiothérapie fait partie des traitements couramment utilisés dans le cadre du parcours personnalisé de soins. Mais celle-ci n’est pas sans conséquences et peut entraîner des effets secondaires affectant les organes proches de la prostate, comme la vessie, le rectum, l’urètre ou l’anus. Certains de ces effets secondaires se manifestent pendant le traitement, mais d’autres peuvent survenir plusieurs mois ou années après la fin des rayons, on parle alors d’effets tardifs.

Comme pour tous les effets secondaires de la radiothérapie, on distingue les effets secondaires aigus (pendant et jusqu’à 3 à 6 mois après la radiothérapie) et tardifs (plus de 6 mois après la radiothérapie). Il faut savoir que l’intensité des effets secondaires et leur probabilité d’apparition varie grandement d’un patient à l’autre. Les toxicités suite à une irradiation prostatique peuvent être urinaires, digestives ou sexuelles. 

Les effets indésirables aigus au niveau urinaire peuvent être une augmentation de la fréquence des mictions, en particulier la nuit, une difficulté à uriner avec besoin de forcer, des brûlures mictionnelles ou des urgences mictionnelles avec envie impérieuse d’uriner. Au niveau digestif, ce peut être des diarrhées (ou parfois une constipation), des faux besoins ou des douleurs au niveau rectal. Au niveau sexuel, on peut voir apparaître des troubles de l’érection et de la libido, particulièrement si un traitement d’hormonothérapie est prescrit en même temps. Ces effets secondaires aigus sont très bien pris en charge grâce à des traitements symptomatiques (anti-diarrhéiques, médicaments aidant à la miction etc.) qui seront prescrits si besoin par l’oncologue radiothérapeute. 

Les effets indésirables tardifs sont beaucoup moins fréquents, ils concernent moins de 10% des patients. Au niveau urinaire, ils comprennent des difficultés à uriner avec besoin de médicaments pour faciliter la miction, une augmentation de la fréquence des mictions, ou des traces de sang dans les urines (dus à une cystite radique qui s’apparente à une fibrose d’une partie de la vessie). Au niveau digestif, il y a dans de rares cas présence de sang dans les selles (qui est le corollaire de la cystite et qu’on nomme donc rectite radique). Ces symptômes impliquent une prise en charge spécialisée car ils peuvent parfois se révéler assez handicapants. Au niveau sexuel, certains patients garderont des troubles de l’érection qui pourront être pris en charge par un spécialiste.  

Les différents types de radiothérapie utilisés pour traiter le cancer de la prostate

En fonction du stade de la maladie et de son risque évolutif, plusieurs types de radiothérapie peuvent être proposés :

 

La radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle (RC 3D)

La radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle consiste à adapter la forme du faisceau de rayons au volume et à la forme de la tumeur grâce à des clichés 3D obtenus par scanner ou IRM. Elle permet de limiter l’irradiation des tissus sains avoisinants. Elle se déroule en plusieurs séances, habituellement à raison de 5 fois par semaine pendant 6 à 8 semaines.

 

La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (IMRT ou RCMI)

Un autre type de radiothérapie  est une variante de la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité qui permet de moduler l’intensité des faisceaux de rayons selon la densité des tissus. Elle permet de délivrer une dose plus conséquente à la tumeur tout en limitant le risque d’effets secondaires. Elle nécessite un matériel adapté et un contrôle plus rigoureux.

 

La radiothérapie guidée par l’image (IGRT)

La radiothérapie guidée par l’image est une technique de radiothérapie utilise des clichés obtenus juste avant chaque séance d’irradiation pour ajuster la position du patient et des faisceaux. L’IGRT permet ainsi de prendre en compte les mouvements de la glande prostatique liés à la respiration, au remplissage de la vessie ou du rectum pour une plus grande précision de traitement.

 

La radiothérapie stéréotaxique corporelle (RSC)

La radiothérapie stéréotaxique est une technique de radiothérapie est basée sur l’utilisation de faisceaux de rayons très précis et convergents, délivrés en quelques séances seulement. Elle permet d’administrer une dose élevée à la tumeur tout en épargnant au maximum les organes voisins. Ce type de radiothérapie est particulièrement adapté au traitement des cancers localisés et à faible risque.

 

La protonthérapie

La protonthérapie est un protocole de traitement utilise des protons, des particules chargées positivement, au lieu des rayons X habituels. Les protons ont la particularité de déposer leur énergie à une profondeur spécifique, correspondant à la localisation tumorale. Ils permettent d’épargner les tissus sains situés avant ou après la lésion cancéreuse. Cette technique est encore peu répandue en France.

 

La curiethérapie

La curiethérapie elle est basée sur un protocole d’irradiation « interne » qui consiste à insérer des grains (d’or) ou des fils radioactifs directement dans la glande prostatique. Ces dispositifs vont émettre des rayons capables de détruire les cellules cancéreuses. Ces rayons ne peuvent pas sortir du corps, car ils ne sont pas assez puissants. Généralement, la curiethérapie se déroule en quelques séances. Elle peut être délivrée seule ou en association avec un traitement de radiothérapie externe.

 

Les effets secondaires possibles de la radiothérapie de prostate

La radiothérapie peut entraîner des effets secondaires liés à l’irradiation des organes situés à proximité de la zone traitée, à savoir : la vessie, l’intestin, le rectum, l’urètre ou l’anus. Ces effets secondaires peuvent prendre plusieurs aspects :

 

Troubles urinaires

Généralement temporaires, ils peuvent être soulagés par une réhydratation et des traitements médicaux adaptés. Il peut s’agir d’envies pressantes, de difficultés à uriner, de brûlures mictionnelles ou de présence de sang dans les urines. Ils se manifestent soit durant le traitement, soit quelques semaines après la fin des rayons.

trouble urinaire radiothérapie

 

Troubles digestifs

Différents signes cliniques peuvent survenir comme de faux besoins, une inflammation du rectum, des saignements, une diarrhée, des hémorroïdes, des douleurs au niveau de l’anus ou du rectum… Ces symptômes sont souvent plutôt fréquents en cas d’irradiation de la prostate, du fait de la proximité des organes concernés avec cette glande. Un traitement adapté peut être nécessaire (médical ou chirurgical).

 

Troubles sexuels

Il peut s’agir de troubles de l’érection, d’une diminution du volume ou de la qualité du sperme, voire une absence d’éjaculation. Souvent d’apparition progressive, ils peuvent cependant dans certains cas devenir permanents. Une prise en charge médicale ou chirurgicale peut être proposée pour améliorer la fonction sexuelle. Les troubles sexuels peuvent apparaître pendant ou après le traitement de radiothérapie, voire à distance du traitement.

radiothérapie trouble sexuel

 

Le cas de la rectite radique

La rectite radique est une complication fréquente de la radiothérapie du cancer de la prostate. Il s’agit d’une inflammation du rectum qui se manifeste par des saignements, des douleurs, de fausses envies ou une diarrhée. La rectite radique peut être aiguë ou chronique selon le moment où elle se manifeste et sa durée.

La rectite radique aiguë apparaît habituellement pendant le traitement ou peu après sa fin. Elle se résorbe spontanément ou avec l’aide d’un traitement symptomatique adapté.

La forme chronique est plus rare. Il s’agit alors d’un effet secondaire tardif de la radiothérapie de prostate. Elle apparaît plusieurs mois ou plusieurs années après la fin des rayons. Cette forme est plus difficile à prendre en charge et peut nécessiter un traitement chirurgical pour les formes les plus sévères.

La rectite radique peut fortement impacter la qualité de vie des patients. Il est donc nécessaire de signaler toute perturbation ou tout signe clinique inhabituel au niveau de l’appareil digestif à l’équipe médicale, même longtemps après le traitement, pour bénéficier d’un traitement adéquat.

 

La reprise du travail après une radiothérapie de la prostate

La reprise de l’activité professionnelle après une radiothérapie de la prostate dépend de nombreux paramètres, comme le type de protocole ou de radiothérapie administré, l’importance des effets secondaires de la radiothérapie de la prostate, le type de profession, etc. La radiothérapie de la prostate peut notamment entraîner des effets secondaires à long terme qu’il convient de prendre en charge.

De nombreux patients peuvent continuer de travailler pendant une radiothérapie externe, à condition de s’adapter aux horaires des séances et de conserver des temps de repos.

La curiethérapie peut cependant entraîner une fatigue plus importante et nécessiter une courte hospitalisation.

Il est préférable de reprendre le travail de manière progressive. Il est aussi possible de demander à son entreprise un aménagement du temps de travail si nécessaire (mi-temps thérapeutique, par exemple). Un suivi régulier auprès d’un médecin du travail peut être judicieux.

La radiothérapie est un traitement efficace pour lutter contre le cancer de la prostate. Mais celle-ci peut avoir des conséquences sur la qualité de vie des patients. Les effets secondaires précoces et tardifs ne sont pas systématiques et varient d’une personne à l’autre en fonction du type et de la dose de radiothérapie, de l’état de santé général et de la sensibilité des patients traités. Il existe des solutions pour prévenir et traiter ces effets secondaires. La surveillance médicale avec consultations régulières est donc essentielle pour repérer au plus tôt ces symptômes parfois invalidants et les prendre en charge le plus rapidement possible.

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Team NovaGray

NovaGray développe des tests de tolérance à la radiothérapie à destination des patients traités pour un cancer du sein ou de la prostate. La mission de NovaGray est d'œuvrer à la personnalisation des traitements en évaluant la sensibilité individuelle de chaque patient avant le démarrage de la radiothérapie. La technologie NovaGray a fait l’objet de validations cliniques prospectives multicentriques. Les tests NovaGray sont recommandés par la Société Française de Radiothérapie Oncologique (SFRO).