La prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate dépend de nombreux paramètres, comme son stade, son grade, son risque de progression ou l’état de santé général du patient. Les traitements de référence peuvent inclure la chirurgie, la radiothérapie, l’hormonothérapie ou la chimiothérapie.
Mais il existe une stratégie qui consiste à différer le début des traitements curatifs en présence de certains types de cancers de la prostate à faible risque et mettre en place une surveillance dite active. La surveillance active permet d’éviter ou de retarder des thérapies plus invasives et leurs conséquences, sans compromettre les chances de guérison du patient.
Qu’est-ce qu’une surveillance active dans le cadre du cancer de la prostate ?
La surveillance active du cancer de la prostate consiste à repousser les traitements curatifs comme la chirurgie ou la radiothérapie chez des patients atteints d’une tumeur prostatique localisée, à faible risque évolutif, et avec une espérance de vie supérieure à 10 ans. Dans ces conditions, elle diffère de ce que l’on appelle la Watchful Waiting (la surveillance vigilante) qui repose quant à elle sur la mise en œuvre de traitements palliatifs et non plus curatifs chez les patients porteurs d’une pathologie incurable.
Pour être efficace et éviter le risque d’erreur de diagnostic (face à un cancer considéré comme à risque faible, à tort, par exemple), la surveillance active implique un suivi rapproché bien organisé, et ce pendant plusieurs années. Le patient doit être informé des risques et bénéfices d’une telle prise en charge et doit être prêt à mettre en place un traitement à visée curative dès lors que les indicateurs de surveillance évoluent pour suggérer un risque plus élevé.
Afin d’éviter le risque (même minime) de voir son cancer se développer, le patient est bien entendu libre de choisir de démarrer les traitements actifs plus tôt.
Quels sont les critères requis pour une surveillance active du cancer de la prostate ?
La surveillance active du cancer de la prostate peut être envisagée pour certaines tumeurs prostatiques et sous certaines conditions :
- la tumeur est de petit volume ;
- le cancer de la prostate est localisé et uniquement présent dans la glande prostatique ;
- le taux de PSA est inférieur ou égal à 10 ng/ml ;
- 3 biopsies reviennent positives sur 12 ;
- ou moins de 50 % du prélèvement est positif.
Mais ces critères peuvent être adaptés selon l’âge du patient, son état de santé général, ainsi que ses préférences.
En revanche, la surveillance active n’est pas recommandée chez les patients qui présentent un cancer prostatique à risque intermédiaire ou élevé.
En quoi consiste le suivi lors d’une surveillance active de la prostate ?
La surveillance active du cancer de la prostate repose donc sur plusieurs consultations médicales et examens afin de mesurer régulièrement l’évolutivité de la maladie. Elle implique :
- une consultation médicale avec examen clinique et toucher rectal tous les 6 à 12 mois ;
- un dosage du PSA sanguin tous les 3 à 6 mois ;
- une biopsie prostatique tous les 1 à 3 ans ;
- une IRM prostatique en cas de doute, ou devant la modification des indicateurs de surveillance.
L’objectif de ces rendez-vous réguliers est de pouvoir détecter précocement une éventuelle progression du cancer de la prostate qui nécessiterait alors la mise en route du traitement curatif.
Cancer de la prostate : dans quel(s) cas la radiothérapie est-elle pertinente ?
Chaque tumeur prostatique est différente, et tous les patients n’auront pas nécessairement le même plan de traitement. Chaque plan de traitement est entièrement personnalisé.
De manière générale, la radiothérapie peut être proposée dans le cadre du traitement de la plupart des cancers de la prostate localisés, peu importe leur stade évolutif.
La chirurgie est généralement le traitement de référence du cancer de la prostate de stade I et II (localisé) pour retirer la tumeur. La radiothérapie est alors envisagée soit avant l’opération pour réduire le volume tumoral et faciliter son extraction, soit après la chirurgie pour diminuer le risque de récidive. Elle peut aussi être administrée face à un cancer de la prostate de stade III en association avec une chirurgie et une hormonothérapie.
En présence d’un cancer de la prostate de stade IV, la radiothérapie peut être proposée dans le traitement des symptômes invalidants et douloureux ou des métastases.
La radiothérapie peut aussi être proposée chez les patients qui ne souhaitent pas bénéficier d’une chirurgie, où chez ceux qui ne peuvent pas être opérés en raison des caractéristiques de leur tumeur ou de leur profil de santé.
Des techniques récentes de radiothérapie, comme la radiothérapie stéréotaxique, permettent aujourd’hui un traitement d’une extrême précision et donc d’administrer des doses d’irradiation supérieures. Il est également possible, dans certains cas, d’éliminer totalement une tumeur de petit volume. Il s’agit de la radiochirurgie.
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Comment vivre sereinement la surveillance active du cancer de la prostate ?
La surveillance active peut être particulièrement angoissante pour certains patients, et il peut être très difficile de vivre avec un cancer sans être traité et de suivre des examens répétés.
Un accompagnement psychologique individuel peut être intéressant pour aider à gérer ses craintes, ses émotions et ses interrogations. Il existe aussi des groupes de parole ou des associations de patients qui proposent des soutiens collectifs afin de rencontrer des personnes dans la même situation et échanger sur ses expériences.
Le médecin est aussi un interlocuteur de choix, et la communication est très importante pour expliquer clairement les enjeux et modalités de la surveillance active. Le patient doit être impliqué dans la prise de décision et peut changer d’avis à tout moment.
La surveillance active du cancer de la prostate est une option thérapeutique intéressante pour les hommes présentant un faible risque. Elle permet de préserver la qualité de vie le plus longtemps possible, mais nécessite un suivi rigoureux et un soutien adapté.